Séverine Gabry-Thienpont
Anthropologie et étude comparative des sociétés contemporaines
Médaille de bronze du CNRS 2024
Chercheuse CNRS à l’Institut d’ethnologie et d’anthropologie sociale (IDEAS, CNRS / Aix-Marseille Université), Séverine Gabry-Thienpont s’intéresse à la fabrique des musiques égyptiennes du XXe siècle à nos jours en tant que fait esthétique, historique et religieux. Des répertoires religieux aux scènes électroniques actuelles, elle explore l’impact des procédés d’amplification sonore dans leurs processus de création, de production et de circulation.
Comment les répertoires musicaux, au-delà de leurs différences stylistiques, se trouvent-ils affectés par la modernité sonore ? Musicienne et musicologue de formation, Séverine Gabry-Thienpont interroge la nature et les dynamiques des compositions musicales égyptiennes, et plus largement du monde arabe, depuis les premiers enregistrements du début du XXe siècle jusqu’aux créations post-printemps arabes. « Combinées à des réflexions d’ordre historique et/ou anthropologique, ces musiques offrent différentes lectures d’une société en mouvement, inscrite dans une histoire culturelle, politique, religieuse, riche et singulière », souligne-t-elle.
Durant sa thèse, soutenue en 2013, elle mène des enquêtes de terrain vers Louxor, près d’un monastère de moniales coptes-orthodoxes. « L’objectif était de saisir la réalité du quotidien en milieu rural, à travers une réflexion sur ce que signifie être copte parmi les musulmans dans un village de Haute-Égypte, au XXIe siècle ». Lors d'un post-doctorat de quatre ans à l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, elle élargit ses enquêtes à d'autres rituels religieux et répertoires musicaux en Égypte.
Recrutée au CNRS en 2019, elle poursuit ses recherches sur les manifestations de piété en Égypte et les musiques qui s’y rapportent. Elle s’intéresse particulièrement au rôle de l’amplification sonore, aux techniques d’enregistrement et de diffusion qui leur sont associées, et examine au plus près les musiques actuelles et la place que les techniques du numérique y occupe. « Mon objectif reste d’écrire une histoire de la modernité sonore en Égypte, en dépassant les lectures historisantes, soit panarabes, soit au contraire partielles », confie-t-elle.
Depuis 2022, Séverine Gabry-Thienpont codirige un programme de recherche, MedMus - Méditerranée(s) musicale(s) : Techniques, circulations et représentations – XIXe-XXIe siècles1 portant sur la fabrique des musiques du bassin méditerranéen.
Notes
- Coordonné par Séverine Gabry-Thienpont et Panagiota Anagnostou (Université de Ioannina, Grèce), ce programme est financé par l’École française de Rome (EFR), l’École française d’Athènes (EFA), l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO, Le Caire) et l’IDEAS. MedMus a reçu la labellisation ResEFE.